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RCA: des soldats français soupçonnés d’abus sexuels sur mineurs

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Le rapport a été transmis au Guardian ( lien en anglais ) par l’ONG
Aids Free World qui a l’habitude de travailler sur les viols et les
abus sexuels dans les missions de maintien de la paix . Sa
directrice, Paula Donovan, contactée par RFI, explique qu’il s’agit
d’une série de six entretiens bruts avec des enfants victimes ou
témoins de sévices sexuels. Ces entretiens ont été menés par un
agent du Haut commissariat de l’ONU pour les droits de l’homme,
accompagné parfois d’un agent de l’Unicef.
« Le rapport est en fait une série de six entretiens avec des enfants qui
ont presque tous été violés par des soldats français en République
centrafricaine sur une période de plusieurs mois, indique Paula
Donovan. Ces entretiens, dans certains cas, rapportent ce que les
enfants ont vécu directement, personnellement. Dans d’autres cas, les
enfants disent que ça ne leur est pas arrivé à eux, mais à leurs amis,
et ils nomment ces amis. Ils donnent d’ailleurs beaucoup de détails
pour raconter les sévices subis par leurs amis et même un certain
nombre de détails pour identifier les agresseurs, en décrivant par
exemple certains signes sur les agresseurs, ce qui rend les récits des
enfants très crédibles. Il semble que les enfants ont identifié par leur
nom ou en les décrivant 16 hommes. Avec les récits personnels des
enfants violés et ceux de leurs amis, on atteint un total de dix
victimes. »
Il y aurait donc une dizaine de victimes. Des enfants très jeunes,
entre huit et onze ans, mais capables de donner force détails sur
leurs agresseurs. Les faits se seraient produits dans le camp de
déplacés de Mpoko , près de l’aéroport de Bangui et près de la base
française, entre décembre 2013 et mai 2014. Les entretiens eux
ont été menés en mai et juin 2014.
Enquête préliminaire
Ces faits ont été signalés aux autorités françaises. Le ministère de
la Justice a confirmé ce mercredi qu’une enquête préliminaire
avait été ouverte en juillet 2014. A Bangui, le parquet était surpris
d’entendre parler pour la première fois de cette affaire ce mercredi
après-midi. On sait que des magistrats français sont attendus
dans la capitale centrafricaine dans les jours qui viennent. Mais
on ignore si cette affaire fait partie de leur ordre du jour.
Un communiqué du ministère français de la Défense indique que le
ministre « a pris et prendra toutes les mesures nécessaires pour la
manifestation de la vérité. Si les faits étaient avérés, il veillera à ce
que les sanctions les plus fermes soient prononcées à l’égard des
responsables de ce qui serait une atteinte intolérable aux valeurs du
soldat. »
■ L’ONU a-t-elle tenté d’étouffer l’affaire ?
A l’ONU, on ne badine pas avec les procédures internes. C’est
l’affaire dans l’affaire. Pour avoir divulgué un rapport confidentiel
évoquant des cas circonstanciés de viols sur des enfants
centrafricains par des soldats français, Anders Kompass a été
suspendu de son poste de directeur des opérations de terrain la
semaine dernière.
Anders Kompass, de nationalité suédoise, est un fonctionnaire du
Haut commissariat de l’ONU aux droits de l’homme, basé à
Genève. Devant l’inertie de sa hiérarchie, il aurait décidé l’été
dernier, selon le quotidien The Guardian , de transmettre ce rapport
sensible à la justice française.
Au siège des Nations unies, on estime qu’il s’agit là d’un
manquement grave aux procédures onusiennes. L’ONU confirme
par ailleurs qu’Anders Kompass a bien été placé « en congé
administratif avec plein salaire, en attendant les conclusions d’une
enquête interne ». Ses emails ont même été saisis.
Selon le quotidien britannique, Anders Kompass, 30 ans de carrière
dans les affaires humanitaires, avait informé ses supérieurs
hiérarchiques de sa démarche, y compris le Haut commissaire
pour les droits de l’homme en personne.
La Suède a menacé de porter le débat sur la place publique si le
fonctionnaire suédois était relevé de ses fonctions. Des ONG
dénoncent régulièrement la duplicité de l’ONU sur ces délicates
affaires d’abus sexuels. L’ONU a dû faire face à plusieurs
scandales de viols commis par des casques bleus au cours de
missions de maintien de la paix.

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