Avec l’acquisition pour 12 millions d’euros de six nouvelles locomotives sur un total de quinze, Sitarail, exploitant de la ligne ferroviaire Abidjan-Ouagadougou et filiale commune du groupe français Bolloré et des Etats ivoirien et burkinabè, a lancé le 9 septembre, depuis la gare ferroviaire de Treichville à Abidjan, les travaux de réhabilitation de la voie ferrée Abidjan-Ouagadougou pour un investissement global de 400 millions d’euros. Michel Roussin, président du conseil d’administration de Sitarail a effectué le déplacement de Paris à Abidjan pour célébrer de façon symbolique aux côtés du Premier ministre Daniel Kablan Duncan et de plusieurs membres du gouvernement ivoirien, le démarrage des travaux qui ont accusé un retard de plus d’un an. Selon nos informations, Bolloré Africa Logistics était parvenu à un accord avec les autorités ivoiro-burkinabè en mai 2014 et devait démarrer les travaux au mois juillet de la même année .
Le président de Sitarail n’a donc pas caché sa joie avec le lancement effectif des travaux. « Nous lançons le redemarrage de la vie du chemin de fer avec la réhabilitation du tronçon de 1260 kilomètres, qui permet de renouveler, moderniser et de reprendre en main le système de sécurité ferroviaire, en améliorant le temps du parcours », a expliqué Michel Roussin. Chaque année, 910 000 tonnes de marchandises et environ 300 000 passagers transitent par la voie reliant Abidjan et Ouagadougou.
La fin des travaux de réhabilitation, prévus dans cinq ans, permettront de porter le trafic à 5 millions de tonnes de marchandises comprenant trois millions de tonnes minerais de manganèse en provenance de la mine de manganèse de
Tambao au Burkina Faso détenue par l’homme d’affaires Frank Timis mais dont la poursuite de l’exploitation reste incertaine . Selon Daniel Kabkan Duncan, le Premier Ministre, le projet de réhabilitation Abidjan-Ouagadougou accéléra les échanges commerciaux entre le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire qui s’est établi en valeur à 290 milliards de francs en 2014 contre 165 milliards fcfa en 2011.
Manganèse
Via Sitarail, le groupe Bolloré détiendra une concession de trente sur l’exploitation de la ligne qui prévoit une extension de Kaya à Dori dans le nord du Burkina Faso. Pour former la boucle ferroviaire ouest africaine, la ligne rejoindra plus tard la voie ferrée que Bolloré a commencé à construire et réhabiliter entre Niamey au Niger, Cotonou au Bénin et Lomé au Togo. Et dont il vient de signer le contrat de concession, malgré l’opposition publique de plusieurs autres acteurs qui estiment disposer de droits sur ce tronçon (notamment Samuel Dossou et Michel Bosio).
Le groupe Bolloré, qui contrôle désormais le groupe de médias Vivendi (actionnaire notamment de la chaîne de télévision Canal + et du label de musique Universal) poursuit ainsi son impressionnante offensive en Afrique subsaharienne francophone. Après avoir remporté le deuxième terminal à conteneurs du port d’Abidjan en 2013, il vient de décrocher la concession sur celui de Kribi, en consortium avec le troisième armateur mondial CMA-CGM et le chinois CHEC.
Bluezones, médias…
Il a par ailleurs décidé de déployer ses autres métiers avec la plus grande énergie : les batteries de stockage (plusieurs Bluezones autonomes en énergie ont été construites dans la région), mais aussi les médias. Vivendi a ainsi annoncé le 8 septembre la création d’une salle de spectacle à Conakry (Guinée), dont la première pierre sera posée le 26 septembre dans la bluezone de Kaloum. Baptisé CanalOlympia (du nom de la chaîne de télé et de la salle parisienne détenue par Vivendi), ce concept sera décliné dans d’autres pays africains, en commençant selon nos informations par Brazzaville.
Universal vient par ailleurs d’installer le label Island Africa à Abidjan, avec pour objectif de découvrir des talents locaux et de développer des studios d’enregistrement, un premier étant prévu à Conakry.