Teklehaimanot est le premier Africain noir à revêtir le célèbre maillot blanc à pois rouges de l’histoire du Tour de France. Il a arraché la première place du classement de la montagne grâce aux trois points engrangés lors de la sixième étape, un parcours de 191,5 kilomètres entre Abbeville et Le Havre. Le cycliste, membre de l’équipe MTN Qhubeka, qui le portera au moins une journée lors de la septième étape, ce vendredi 10 juillet, entre Livarot et Fougères, devient un véritable symbole pour tout le continent.
Un premier maillot à pois sur le Dauphiné Libéré
Il s’était fait remarquer sur le Critérium Dauphiné Libéré, une course qui se déroule principalement dans les Alpes française, début juin en remportant le classement de la montagne. L’Érythréen avait alors réussi à dominer dans les échappées ce qui lui avait permis de porter le maillot à pois de la première à la dernière étape de la course.
Mais Daniel Teklehaimanot, 26 ans, n’en est pas à son premier coup (de pédale)… Sa longue feuille de route témoigne de son talent sportif. Sa carrière professionnelle débute véritablement en 2012 alors qu’il rejoint les rangs de l’équipe australienne Orica-GreenEdge avec qui il a remporté trois championnats africains. En 2014, il a terminé deuxième lors du Championnat d’Afrique 2015 avec l’équipe sud-africaine MTN Qhubeka.
Une fierté nationale en Érythrée
Après sa victoire du Tour du Rwanda en 2011, celui qui est né à Dbarwa dans une famille modeste, a été accueilli en héros dans la capitale érythréenne Asmara. Il avait participé à un grand défilé devant des milliers de personnes et il aurait dîné avec le président de son pays, Issayas Afewerki.
Daniel Teklehaimanot reçoit aussi un fort appui de la communauté érythréenne au départ de chaque étape en France où des dizaines de supporteurs érythréens viennent l’encourager avec son coéquipier érythréen Merhawi Kudus.
Silencieux sur la politique érythréenne
Quand il est question de son pays natal, dans lequel le régime de répression et de « violations massives des droits de l’homme » est régulièrement dénoncé par les ONG et les Nations Unies, Daniel Teklehaimanot choisit la discrétion.
Il se contente de dire aux journalistes qu’il reçoit « beaucoup de soutien de ses compatriotes et de son gouvernement ». L’un de ses anciens entraîneurs a confié à
Libération que Teklehaimanot et Kudus « se ferment dès qu’on parle de politique » en ajoutant que « quand la fédération leur demandait de rentrer au pays, ils étaient paniqués à l’idée de ne pas trouver d’avion, de ne pas se plier à l’autorité ».